Pour commémorer le centenaire de la Grande Guerre 14-18 et de la Bataille de l’Artois, la Maison de l’Art et de la Communication de Sallaumines et le Conseil Général du Pas-de-Calais ont lancé un appel à la création pour la réalisation d’une sculpture extérieure sur le territoire de Vimy, lieu hautement symbolique de par la participation au conflit des troupes canadiennes en 1917.

J’ai été informé de l’appel à projet alors que je venais de terminer la lecture des carnets de guerre de Louis Barthas. Je me suis ensuite plongé ensuite dans l’ouvrage d’Henri Barbusse « Le Feu », ces deux ouvrages constituant de magnifiques témoignages à haute valeur historique sur les conditions endurées par les soldats au sein de cette guerre des tranchées, et notamment en Artois, les auteurs étant passés tous deux par le secteur d’Arras et la colline de Notre-Dame-de-Lorette.

Je me suis rendu sur une partie de leurs pas, visitant les mémoriaux, cimetières et musées, passant par Souchez, Ablain-Saint-Nazaire, Vimy, Vermelles et Neuville Saint-Vaast, le calme et la beauté de ces sites ensoleillés contrastant avec les paysages dévastés, lunaires et apocalyptiques qu’avaient connus les combattants des tranchées sur ces mêmes sols.

Ma sculpture découle tout d’abord d’une volonté d’utiliser l’acier, pour rendre hommage à ce qu’on appelle « l’art des tranchées », objets façonnés par les soldats dans les tranchés à partir de ce qu’ils trouvaient sur place, essentiellement des rebuts métalliques du conflit. Ce qui m’a le plus impressionné lors de mes visites sur ces lieux de mémoire, ce sont ces milliers de stèles, témoignage de la violence incomparable du conflit, ainsi que l’Anneau de la Mémoire, monument en forme d’ellipse conçu par l’architecte Philippe Prost, réunissant plus de 500 000 noms de soldats tombés sur le sol du Nord-Pas-de-Calais.

L’idée de la ribambelle permet d’associer une notion de mouvement à ces stèles, véritables marqueurs du territoire de ces sites de mémoire, et de les relier les unes aux autres. Cette ribambelle forme une ronde, les stèles symbolisant les morts, les silhouettes symbolisant ceux qui ont survécu, que ce soit les compagnons de combat amis ou ennemis, leurs familles et proches qu’ils n’ont jamais revu, et, à travers eux, les générations suivantes dont nous faisons partie. Ainsi, nous portons et encadrons ces disparus afin que se perpétue le travail de mémoire. A travers ces silhouettes en mouvement avec les stèles, nous montrons à ces soldats morts sur le champ de bataille que nous continuons à les porter, formant un tout pour qu’ils fassent partie intégrante de notre quotidien. Nous les transmettrons aux générations futures afin de faire preuve à l’avenir de plus d’intelligence pour que ne se reproduise pas une telle boucherie.

Il s’agit d’un anneau de l’espoir, d’une ronde réunissant les corps dans une fraternité posthume pouvant faire écho à l’Anneau de la Mémoire. Les seules couleurs utilisées sur la sculpture sont celle du drapeau de la Paix, l’un des rares drapeaux à avoir une portée universelle et humaniste.

Voici la réalisation en images de la sculpture, 4 tonnes d’acier, 3 m de hauteur pour 42m de circonférence:

Un immense merci à la Manufacture du Métal pour la production de l’œuvre  www.manufacture-metal.fr

Aux services techniques de la Ville de Vimy pour leur aide précieuse, et à la MAC de Sallaumines (merci Sébastien Naert!)